15/07/2011

20- Mercredi 22 juillet 2009 Negreşti-Oaş – Vadu Izei 71 km 450 m

Avant la montée au col de Pricop
          
Cette étape nous fera passer le long de l'ukrainienne et par le cimetière de Săpânţa.
Au-delà de Negreşti-Oaş, la route, plus calme, monte au col de Pricop dans la forêt. Ici la campagne est riante. De nombreuses meules agrémentent des prés entrecoupés de vergers. Des paysans munis de faux sont en plein travail. La période des foins bas son plein. Le contraste est saisissant avec la zone de Negreşti-Oaş. Nous déjeunons au col sur une petite prairie lorsque passe un groupe de cyclistes. Ce sont des polonais en route pour Istanbul. Après une agréable descente dans la fraîcheur d’une forêt, nous retrouvons notre fleuve préféré, la Tisza quitté en Hongrie et qui marque la frontière avec l’Ukraine.

L'Ukraine

            A Săpânţa, nous faisons halte pour découvrir son cimetière « Joyeux ». Appelé ainsi pour les sculptures en bas relief de Stan Ioan Pătraş décédé en 1977. Les stèles traditionnelles surmontées d’une croix et d’un petit toit sont ainsi décorées. Pour chaque tombe sur un fond bleu soutenu, une description et un dessin rappellent avec humour les marottes ou le métier du défunt. En sortant, nous retrouvons les polonais du col assis à l’ombre du muret.


Stèle du cimetière « Joyeux »

            La route de Sigheu Marmatiei sera laborieuse. Dans un village, un chien se fait écraser par une camionnette passant à tombeau ouvert. Un peu plus loin, juste devant nous, un petit vieux à bicyclette, déséquilibré par le souffle d’un camion, s’affale dans le fossé. Pour finir un 4X4, pour nous doubler, manque de peu le cheval d’une charrette arrivant en sens inverse.


Ukraine oblige, indication marquée aussi en cyrillique

            A Sigheu Marmatiei, nous visitons le Mémorial des Victimes du Communisme installé dans une ancienne prison. La partie musée nous montre les cellules et la vie des prisonniers, nous donne une aperçu des travaux forcés dans les mines et de la répression contre l’élite roumaine. On imagine le cri des prisonniers résonner dans cette salle très sonore entourée de coursives. Le mémorial proprement dit se trouve dans la cour. Conçu par l’architecte Radu Mihăilescu le monument circulaire est à demi enterré et porte les noms de huit milles victimes. La ville fut doublement martyre. Les nazis décimèrent la communauté juive locale sous la complicité du régent Horthy de Hongrie.
A la sortie, nous croisons un couple de cyclo allemands. Je m’interroge sur les risques qu’ils prennent en voyageant ici avec un enfant dans une remorque.


La pension de Vadu Izei

            A Vadu Izei, nous trouvons, au bout d’un chemin, la pension de l’association « Opération Villages Roumains ». Cette association fut créée par des belges au tout début de 1989 afin de sauver les villages traditionnels d’une destruction certaine planifiée par Ceausescu sous le nom de « Systématisation ». Surnommé le « Conducator », il fut pris, au début des années 80, de ce que je nommerais, une crise de « Bétonite aigu ». Il voulait, sous pretexte de modernisation, raser les villages pour enfermer les paysans dans des blocs d’immeubles. Heureusement, ses méfaits furent brutalement interrompus par sa chute fin 1989. Le principe de l’association repose sur le parrainage des villages par des communes européennes.
            La pension comporte plusieurs bâtiments tout en bois avec un jardin très bien aménagé. Nous dînerons avec des Italiens et des roumains sur une terrasse couverte au son d’un orchestre de  
            musique traditionnelle.