31/07/2011

4- Lundi 6 juillet 2009 Szajki-Tavak – Badacsony 83 km 280 m

Le Château de Kesztheny
          
            En prenant la route du lac Balaton, pourtant indiquée sur la carte comme route secondaire, on croirait que les gens du coin ont attrapés une crise de bagnolite aiguë. Malgré la pose des écarteurs, la circulation incessante me pousse à un demi-tour pour emprunter une autre route parallèle plus calme.
Nous déjeunons à l’entrée d’un chemin menant à une maison en état d’abandon d’où en sort une vieille femme au bord de la misère. Alors qu’elle vient vers nous, nous lui laisserons notre provision de biscuits. La misère en Hongrie, si elle existe, n’est pas très visible. Les choses changeront brutalement lorsque nous entrerons en Roumanie.
En ce début d’après-midi, nous voici à Hévíz et son lac d’eau chaude. D'origine volcanique, c’est le lac thermal naturel le plus étendu du monde. Ces eaux à 40°C remontent constamment des profondeurs de la terre. Bien tentant mais l’affluence des lieux et leur aménagement nous incitent pas trop à la baignade. D’autres occasions se présenteront au cour du voyage.
Nous rejoignons le lac Balaton par une piste cyclable. Nous parcourrons la rive nord-ouest moins touristique et bien plus belle. Au cours d’une pose sur une petite jetée, un pêcheur muni de plusieurs cannes ramène dans le silence quelques poissons.

Pêcheur au lac Balaton

Le soir, à peine installés au camping, un son digne d’un rave party déchire l’espace pourtant agréable des lieux. Comprenant à l’accueil que cette ambiance perdurera jusque tard dans la nuit, nous optons, après remboursement, pour une petite pension toute simple quasiment au même prix que le camping.

30/07/2011

5- Mardi 7 juillet 2009 Badacsony – Veszprém 76 km 350 m

           


Le lac Balaton vu de Tihany

            Longeant le lac par une piste cyclable de moins en moins cyclable, nous finissons sur la route jusqu’au très beau site de Tihany, presqu’île composée de falaises. Au sommet, se trouve une église du 18ème siècle. De la, la vue sur le lac Balaton est inoubliable. La rive opposée, à peine visible, forme une fine ligne verte sur une étendue d’un bleu digne des mers du sud. Pour faire trempette, nous avons peu d’options car les accès au lac sont rares sur Tihany. Nous remarquons tout de même une plage gazonnée très propre et presque déserte. En faite, l’entrée est payante. De jeunes français, attendant le bus, nous conseillent d’aller plus loin ou c’est gratuit. Pas très convaincus, nous rentrons sur le gazon pour une somme dérisoire. Casse-croûte et baignade se dérouleront dans un cadre paisible donnant sur l’eau turquoise et claire du plus grand lac d’Europe Centrale. En repartant, plus loin, nous verrons avec satisfaction, le banc de béton au ras de la route qui fait office de plage gratuite.
Nous décidons de pousser jusqu’à Veszprém. Dans la montée, en quittant le lac, de jeunes cyclistes de la même espèce que nous, nous doublent. S’arrêtant tout le temps, nous les redoublerons au moins trois fois. L’arrivée par les quartiers modernes de Veszprém sur une quatre voies donne une impression de chaos urbain. Le recherche de la pension, difficilement trouvée et située dans une banlieue pavillonnaire n’arrangera rien.

29/07/2011

6- Mercredi 8 juillet 2009 Veszprém – Velence 77 km 150 m

La vieille place de Veszprém

C’est à vélo, en allant visiter le centre historique baroque de Veszprém, que nous comprenons vite que la ville fut bâtie sur sept collines. Laissant les montures sur la place principale, nous marchons jusqu’aux statues du roi et de la reine. La, dominant de petites falaises, une vue sur la ville basse montre le contraste avec la banlieue aperçue la veille. De ce coté, seul un enchevêtrement de toits rouges entourés d’un moutonnement verdoyant se déploie devant nous.


Les statues du roi et de la reine

Vers 13 heure, nous filons, par des grands axes, à Székesfehérvár en s’entraînant à la prononciation. Plus loin, un panneau indique un changement de province. Le nom à 26 lettres me dissuade de vous l’écrire. Située au nord-est du lac Balaton, la ville de Székesfehérvár fut fondée vers 977 par le prince Géza qui entreprit l’organisation d’un état hongrois en favorisant le christianisme. On se baladera, entre deux ondées, dans le centre, également baroque, de la ville avant de repartir vers le lac de Valencei.


Le centre de Székesfehérvár


Après une alternance de pistes cyclables et de routes bien courues en ces temps estivales, nous arrivons à Velence, au bord du lac, ou deux ou trois maisons au toit de chaume résistent à l’envahisseur nommé pavillon. Le camping du village est presque désert, au bord du lac, sur un gazon digne d’un terrain de golf mais il est troublé par le bruit pas si lointain de l’autoroute.


La vue du camping


28/07/2011

7- Jeudi 9 juillet 2009 Velence – Budapest 72 km

Paysage sur la route de Budapest

Pour rejoindre Budapest, deux possibilités. Soit prendre la route N 7, avec ses camions, qui longe l’autoroute. Soit tenter l’aventure en cherchant à rejoindre le Danube. Mon esprit bourlingueur me fera pencher pour la deuxième malgré le scepticisme de Génia. Repéré auparavant par image satellite tranquillement dans mon bureau, nous empruntons un chemin qui doit nous faire dévier vers le grand fleuve. Est-ce un problème de mémoire ou le faite d’une image un rien datée ? Ne serait-ce, on se retrouve dans un bourbier plein de moustiques digne d’une mise en condition pour des aventuriers partant en Afrique. La prochaine fois, j’imprimerais, c’est promis ! Nous rejoignons donc la N 7 qui grâce à des pistes cyclables intermittentes nous laisse un souvenir acceptable. Cherchant l’un des camping de Bucarest nous passerons sur une bretelle d’autoroute.


Les Bains Széchenyi

L’arrivée assez tôt nous permettra de profiter des fameux bains. Il y en a plusieurs dans la ville mais notre choix se portera sur les Bains Széchenyi plus au nord. Des bains baroques ou le jaune des bâtiments s’harmonise avec le bleu claire des bassins. Ils y en a trois, des plus froid au plus chaud. La curiosité de la journée sera les joueurs d’échec en pleine concentration dans l’eau à 40° C. Le soir, nous vaquerons le long du plus long fleuve d’Europe pour finir à la terrasse d’un resto en dégustant des plats traditionnels.


En pleine concentration

27/07/2011

8- Vendredi 10 juillet 2009 Journée à Budapest

Le Halászbástya à Buda

            Une pose technique prendra une partie de la matinée, lessive mais surtout achat de quelques accessoires vélos dont des chambres à aire aux étranges valves trouvées dans une sorte de Roi Merlin version Europe de l’est. Je changerais le pneu arrière du vélo de Génia en prévision des routes roumaines.
 Nous commençons la visite par la ville haute de Buda. Pest étant la ville basse. La fusion des deux cités en 1873 propulsera la ville au deuxième rang des capitales de l’empire Austro-Hongrois. Buda en comparaison à sa grande sœur Pest semble être un village paisible avec ses maisons basses dont certaines fenêtres possèdent de magnifiques grilles en fer forgé.


Les grilles en fer forgé

Nous en ferons notre quartier préféré. On se promène longuement sur les sentiers du « Halászbástya » ou « Bastion des Pêcheurs ». Terrasse de style néo-gothique et néo-roman située sur la colline du château de Budapest, près de l'église Matthias. Le Halászbástya est flanqué de sept tours représentant les sept tribus Magyar qui se sont établies dans le bassin des Carpates en 896. Le Bastion tire son nom de la guilde des pêcheurs qui fut chargée de défendre ce tronçon de la muraille au Moyen Age. Suis la visite des grandes avenues d’en bas ou certains immeubles très dégradés gardent encore les séquelles de la venue des chars soviétiques en 1956. Le soir, de retour sur la colline, la vue sur le parlement éclairé et les quais de Pest restera dans nos mémoires.



26/07/2011

9- Samedi 11 juillet 2009 Budapest – Szantendre 32 km

Szantendre

La visite de l’une des plus grandes villes culturelles d’Europe Centrale aurait mérité plusieurs jours voir une semaine mais notre objective restait « le voyage » avec la traversée de la Hongrie et celle du nord de la Roumanie en un mois. Nous quittons donc Budapest en passant dans l’une des dernières boutiques d’artisanat authentique de Hongrie. Ensuite, je chercherais un certain temps avant de trouver des piles pour mon appareil photo argentique. Il semblerait que ce genre d’instrument soit, comme en l’Europe Occidental, en voie de disparition à l’instar de cet artisanat qui se perd au profit de babioles fabriquées en série et toujours plus kitch. Bien que Génia a un numérique, l’argentique me donne la possibilité d’utiliser des diapos. Pratique pour des projections conviviales au retour de voyages.
Suivre le Danube permet, par des véloroutes, de traverser la plupart des pays sur son chemin sans trop de côtes. Des pistes cyclables longent une grande partie du fleuve bleu mais de nombreux tronçons sont sans grand intérêt. Notre préférence fut de privilégier les sites remarquables sur un parcours varié plutôt que la monotonie du plus long fleuve d’Europe. Mais, comme en Autriche, nous ferons une petite partie près de son eau plus très bleu. Entre Budapest et Szantendre la piste cyclable est à déconseiller, interrompue tout le temps et en très mauvais état. Néanmoins, la pose déjeuner au bord du fleuve sera vraiment reposante. Ayant mal dormis la nuit dernière, dans un camping particulièrement bruyant, nous en profitons pour faire une petite sieste.
A la vue d’un camping de la même veine que celui de Budapest, nous choisissons une pension entourée d’un jardin de charme. Dans la chambre, des tableaux dignes des grands maîtres contemporains, sont accrochés aux murs.

25/07/2011

10- Dimanche 12 juillet 2009 Szantendre–Visegrád 27 km 300 m


Puit à balancier au musée de Szantendre

             Cette petite étape nous donnera le temps de visiter l’écomusée de Szantendre. Ce musée-village fut fondé en 1967. Situé dans grand parc, il reconstitue les intérieurs des maisons rurales, les ateliers de différents métiers de plusieurs régions hongroises, et illustre la vie régionale aux 18e et 19e siècle. Les intérieurs des maisons sont d’un réalisme étonnant ou chaque détail, vaisselle, linge, est mis en scène avec soin. On peut y voir des puits à balancier caractéristiques de l’Europe de l’est. Certains de ces puits sont encore en activité dans les campagnes hongroises surtout dans l’est du pays. Sont exposés également des fours en terre en forme de coquille et des maisons au grand toit de chaume originaires de la zone frontalière avec l’Ukraine. Ce musée montre la richesse architecturale rurale de la Hongrie ou chaque région avait son propre style.


Maison vernaculaire au musée

            Pour aller à Visegrád à coté de Nagymaros, plutôt que de suivre la route qui passe par la vallée, nous couperons par le haut dans la forêt. La route, dans le sens inverse, est très chargée. Sans doute, les retours de week-end vers Budapest. Arrivés au village, nous assistons à une fête médiévale avec de nombreux stands d’artisanat et de la bonne bouffe du terroir. Après installation au camping, nous grimpons dans le haut du hameau ou apparaissent de fantastiques échappées sur la boucle du Danube.


La boucle du Danube


24/07/2011

11- Lundi 13 juillet 2009 Visegrád – Hollókõ 91 km 540 m


En face de Visegrád

 Ayant raté le bateau de 9h50 qui traverse le Danube, nous descendons 6 km plus en aval à la recherche d’un pont indiqué sur la carte. Mais à l’arrivée, au niveau de Dömös, pas de pont, seulement un rafiot qui heureusement nous laisse caser nos vélos. Sur l’autre bord, je devrais les porter pour monter un escalier d’une cinquantaine de marches aidé tout de même par un hollandais stupéfié par le poids de nos montures. Après être repassés devant Visegrád par une route encombrée de camions, nous obliquons vers le nord à Verőce. S’ensuit un circuit paisible, dans d’agréables vallées, mais non dépourvu de côtes. Génia cale au km 80 mais quelques biscuits la remettent en selle. Nous casserons la croûte au pied d’une église en compagnie d’une famille tentant de vendre divers vêtements sur une place déserte. A Hollókõ, nous planterons la tente à coté d’une pension occupée par un groupe de conférenciers.


La vue du camping d'Hollókõ




23/07/2011

12- Mardi 14 juillet 2009 Hollókõ – Parád 60 km 950 m



Le village d'Hollókõ

     
            Loin de la France en ce jour de fête nationale, nous arrivons à 8h dans la pension. Il faudra négocier avec le cuistot pour se rassasier. Ils sont vraiment matinaux les hongrois ! Le groupe est déjà au travail depuis un bon moment.
Nous visitons le village d’Hollókõ classé au patrimoine de l’humanité par l’Unesco. L'histoire de ce village remonte au 13e siècle. Il reste l'un des villages les mieux conservé du nord de la Hongrie. Hollókõ fut détruit à de nombreuses reprises jusqu'au dernier incendie de 1909 après lequel on abandonna les toitures en chaume au profit des tuiles. Composé d’une cinquantaine de bâtiments classés dont l’église en bois construite au 16e siècle, il est d’une homogénéité remarquable. Les demeures sont édifiés de chaque cotés d’une ruelle pavée dominant la vallée.
Après avoir repris la route de la veille pour descendre sur Pásztó gros bourg sans intérêt dans la vallée, nous pénètrons dans le massif de Mátra par le gros village de Mátraderecske. Ces monts d’origine volcanique sont les montagnes les plus élevées de Hongrie avec le mont Kékes à 1015 mètres. Montagnes pas très hautes mais avec plusieurs côtes à plus de 10%, elles vont nous mettre sur le petit braquet. En haut, nous pédalons sur une crête avec de superbes échappées sur les vallées environnantes pour finir par une plaisante descente sur Parád.


Le Mátra

Camping entre la rivière et la route un peu avant Parád. Le nombre impressionnant d’enfants n’aura pas de conséquences sur notre sommeil. Les bambins se coucheront tôt.

22/07/2011

13- Mercredi 15 juillet 2009 Parád – Eger 45 km 350 m



Eger

Les quinze premiers km entre Parád et Sirok suivent une vallée. Après, une succession de côtes, moins longues que prévues, se passe facilement. Si bien que nous arrivons à destination en tout début d’après-midi.
Après être passés au camping ou nous avons juste posé la tente à l’ombre et pris une douche, chaleur oblige, nous voici tout frais pour la visite de l’une des plus anciennes villes de Hongrie. La ville est réputée tant pour son vignoble que pour ses curiosités architecturales tel que le minaret, vestige de l'occupation ottomane, la forteresse médiévale, sa basilique, deuxième de Hongrie par sa taille derrière celle d'Esztergom, mais également pour les nombreux édifices baroques qui marquent l'architecture urbaine.


Je propose à Génia de monter en haut du minaret mais la chaleur et l’étroitesse de l’édifice me vaudra d’y monter seul. Le plus septentrional d'Europe, il fut construit au 17e siècle. C’est l'un des trois derniers de Hongrie.
Entrés dans la première région viticole du pays, nous ne manquons pas la traditionnelle dégustation du calitor. Cépage appelé aussi « sang de bœuf » pour ses vignes aux formes tordues. Originaire de Provence le mot calitor vient de col (pédoncle) et tor (tordu).
Notre tentative d’aller prendre un bain au bains s’avèrera infructueuse tellement l’organisation des horaires, tordue comme leurs vignes, sera dissuasive. Nous dînerons au camping, de nuit à la frontale, en compagnie de trois toutous visiblement affamés.

21/07/2011

14- Jeudi 16 juillet 2009 Eger – Bükkszentkereszt 47 km 600 m

Le Bükk

En ce matin d’été, le ciel menace et gronde sans interruption. Je m’empresse de plier la tente. Arrivés au centre ville alors que nous faisons les emplettes pour la journée, la pluie en rafale se met à rebondir rageusement sur les pavées de la ruelle. En attendant que Génia choisisse le casse croûte, j’abrite les bicyclettes dans un passage qui sera rapidement inondé. C’est pied nu, que j’irais les extirper après le grain.
En quittant Eger, une odeur caractéristique de terre mouillée enveloppe l’atmosphère douce et humide. La pluie, plus modérée mais têtue, nous oblige à nous abriter à plusieurs reprises.
Alors que nous avalons nos sandwichs sous un abris-bus, Génia démotivée pense à un demi-tour pour un hôtel. L’idée de traverser le massif sauvage de Bükk par ce temps, la refroidie quelque peu. C’est donc à point nommé, alors que nous finissons de mastiquer, que le soleil se met à briller entre les nuées tel une apparition divine.


On s’enfonce dans le massif de Bükk sans chaleur excessive. Couvert par de denses forêts de hêtres et de chênes, il est en partie protégé pour ses richesses naturelles. Quelques buses volent, bien au-dessus de nous, à la recherche de leur prochain repas. Les rares clairières laissent entrevoir quelques hameaux blottis dans le creux des vallons.

Au village de Bükkszentkereszt nous demandons la direction du camping qui s’avère inexistant malgré son indication sur la carte. Seul un camps de jeunes se trouverait près de la rivière. Une dame appelle le responsable du camps qui arrive dans une vieille caisse style années 60. Lunettes noires et mine patibulaire, il ne sera pas très coopératif. Nous finirons dans une pension après avoir raté le test de l’hospitalité Hongroise.

20/07/2011

15- Vendredi 17 juillet 2009 Bükkszentkereszt – Tokaj 102 km

Avant de se diriger vers la région des plus grands vins de Hongrie, nous tenions à nager dans les grottes du parc aquatique de Csónakázótó situé au sud de Miskolc. De l’eau à 30° C coule dans des passages naturels faits de cavités surprenantes. Cette eau thermale est reconnue pour ses vertus thérapeutiques depuis le 16e siècle. Malgré la foule, la balade nautique sera mémorable. Le reste du parc, surtout aménagé pour les enfants, ne retiendra pas notre attention.


Au parc aquatique de Csónakázótó

Nous rejoignons la plaine du Tokaj en évitant Miskolc ville industrielle et polluée. Génia souffre d’allergies cutanées liées sans doute au soleil et peut-être aussi aux eaux de la grotte. Elle devra finir l’étape en pantalon. Par distraction, je ferais un détour de 6 km retardant un peu l’arrivée sur Tokaj que nous atteignons au crépuscule.


Dans la plaine du Tokaj

A l’approche du village une rumeur enfle d’abord sourde puis plus précise. Le son d’un gigantesque concert s’élève dans les airs. Dès l’entrée dans les premières rues, une foule essentiellement jeune déambule sur les trottoirs. Le temps d’une soirée, la capitale du plus grand vin de Hongrie, est le théâtre d’un festival rock qui rassemble des milliers de mélomanes venus de toute la Hongrie et des pays limitrophes. Nous comprenons assez vite que trouver un hébergement digne de se nom pour la nuit est vain. Autour du camping et en dehors des sacs de couchage sont déployés à même le sol. Avant d’aller trouver un emplacement en dehors du village, les premières urgences sont : un se laver, deux manger. Nous repérons des toilettes publiques mais il faudra renoncer, pour l’instant, à la première urgence tellement la bière et autres boissons ramènent un nombre impressionnant de fêtards vers ce lieu stratégique. La deuxième urgence se décline en sandwichs et biscuits achetés dans la rue. C’est de nuit que nous ressortons de Tokaj à la recherche d’un espace digne de recevoir notre tente. Provision d’eau faite, nous trouvons, un peu en dehors du village, un terrain acceptable entre deux maisons. L’idée de voir arriver la maréchaussée ou une bande en état d’ébriété débouler vers nous, nous poussera à accomplir la première urgence dans le noir d’autant plus qu’un élico n’arrête pas de tourner au dessus de nos têtes. Cela fera dire à Génia qu’il faut toujours avoir une tente et tout son équipement même si l’on ne compte pas camper. Surtout si c’est moi qui la porte.      

19/07/2011

16- Samedi 18 juillet 2009 Tokaj – Dombrád 59 km

Tokaj après la tempète


Cette étape fait la transition entre les régions montagneuses des Matra et du Bükk et la région reculée de Haute-Tisza, composée de grandes plaines, proche de la frontière ukrainienne. Nous traversons une région de vignoble au sud de la Tisza entrecoupée de petits villages tranquilles. Ici, nombreux sont les puits à balancier encore en activité. En ce jours de grande chaleur, plus de 30° à l’ombre, nous apprécions particulièrement ces fontaines bleues, sorte de pompes à l’ancienne, qui a chaque village permettent de nous rafraîchir.
A Dombrád, on s’installe au bord de la Tisza dans un camping très sonorisé. Un concert va encore nous accompagner jusqu’à minuit suivi d’un autre concert, celui de l’orage. Ce dernier interrompant le premier au plus grand soulagement de nos oreilles.


Au camping de Dombrád


18/07/2011

17- Dimanche 19 juillet 2009 Dombrád – Tákos 62 km 150 m

L’orage de la nuit apporte un fraîcheur bien appréciée dans cette plaine composée essentiellement de prairies et de vergers. Les supérettes étant fermées, nous achetons nos provisions pour la journée dans un hard-discount pas si hard que cela. Avant de déjeuner au milieux des pommiers, nous traversons la Tisza sur un bac tiré par de câbles, passant ainsi au nord de Vásárosnamény afin de visiter les églises en bois de Vámosatya et de Csaroda.


Traversée de la Tisza

A majorité catholique, la Hongrie possède de nombreuses églises de ce type surtout dans l’est du pays. À Csaroda, l'église réformée de style roman est demeurée pratiquement intacte, tout comme celle de Tákos, construite en 1766, célèbre pour ses panneaux de bois peints et la simplicité des matériaux utilisés : le bois, l'osier et l'argile.


L'église de Tákos

Dans ces églises calvinistes, seuls les hommes pouvaient s'asseoir face à l'autel. A Tákos nous demandons les clés de l’église à une vielle en dentelles. Un jeune couple de Budapest vient à notre rencontre. Ils nous invitent, dans un anglais très local, à visiter leur maison juste en face et leur petit musée. Le temps passe et notre tente se retrouve plantée dans le jardin et nous autour d’un bon repas familial.



Nos hotes improvisés


17/07/2011

18- Lundi 20 juillet 2009 Tákos – Satu Mare (Roumanie) 74 km

Cette étape nous fera passer en Roumanie par le nord-ouest et le Maramures. Cette région ou « l’archaïque se mêle au moderne » prévient le guide Michelin. En effet, d’une certaine manière, la traversée de cette région sera édifiante. En attendant, après avoir vu l’étonnant moulin à chevaux de Nagyar, notre route nous amène au cimetière de Szatmárcseke qui présente un alignement mystérieux de plusieurs centaines de stèles en forme de bateaux. Peut-être pour que les âmes partent dans l’au-delà.


Le cimetière de Szatmárcseke

Le casse croûte se fera à l’entrée du cimetière dans un agréable jardin en compagnie d’une fontaine bleue suivi par la contemplation du moulin à eau, tout en bois, de Túristvándi construit sur pilotis au 18e Siècle. Entouré de verdure et de nénuphars, il surgie dans un cadre de conte de fée. 


Un des derniers puit à balancier

Après un raccourci « bourbier à moustiques », nous voici sur la route 49 qui file droit en Roumanie. Surprise ! peu de trafique. Visiblement, les hongrois ne se bousculent pas au portillon pour sortir de l’espace Schengen. A la frontière, des Roumains ont déployé des stands de fruits et légumes sortis de leur fourgonnette un brin rouillée.


L'entrée en Roumanie


De l’autre coté, le contraste est saisissant. La descente sur Satu Mare parsemée de nids de poules a pour décors une alternance de cabanons apparement habités et d’usines plus ou moins désaffectées. Par comparaison, Satu Mare nous paraîtra être un jolie ville de province. C’est dans un hôtel très kitch que nous passerons notre première nuit en Roumanie.



A notre hôtel: tentés par une balade en ville ?


16/07/2011

19- Mardi 21 juillet 2009 Satu Mare – Negreşti-Oaş 69 km 150 m

Après quelques courses au marché et un passage à la pharmacie pour, espérons-le, régler les problèmes d’allergie de Génia, nous sortons de la ville par la route 194 C. Vu le trafic monstre et les camions qui se succèdent sans interruption, je pensais être sur la route principale de Negreşti-Oaş, la 19. Y avait-il une déviation ? Ne serait-ce que, nous tournons à droite pour rattraper la 19 mais au carrefour nous optons pour la piste en face car cette route qui doit nous conduire vers le nord est quasiment saturée. Zigzaguant sur cette piste pleine de trous, nous arrivons à notre premier village Roumain de Odoreu composée de maisons banales alignées en rang d’oignon. Sur cette route de nombreuses charrettes tirées par des chevaux ramènent le foin fraîchement coupé.


Quelques renseignements à prendre

Après des passages plus agréables, nous sommes obligés de rejoindre, à Oraşul Nou, la route principale. Dans ce couloir à camions étroit, je serais obligé d’appliquer une stratégie d’occupation de l’espace qui deviendra la règle sur ce genre de routes qui sont légions dans ce pays. Le gros culs ne connaissant pas la règle du 1m50 dans le cas du doublement, je prendrais donc mes aises en me plaçant au milieu de la voie de droite les obligeant ainsi à ralentir puis à déboîter couvrant du même coup Génia un peu inquiétée par ma technique. Celle-ci s’avère néanmoins efficace malgré les coups de klaxons insistants de chauffeurs énervés de devoir lever le pied . Le retro trouvant ici toute son utilité.

Emplettes sur la route

C’est le long de cette superbe route que le must du kitch et du mauvais goût s’étale depuis Oraşul Nou jusqu’à Negreşti-Oaş. Des villas de toutes sortes ont poussées comme des champignons. Tuiles en plastique aux tons pétants , Couleurs fluos à hurler des façades, palais néo-classiques prétentieux et j’en passe. Avec un inévitable 4X4 trônant devant l’entrée tel un chien de garde. Il semblerait que la frustration produite par des décennies de communisme suivies par la crise économique provoque un défoulement sans limite chez les nouveaux riches d’un pays ou le capitalisme sauvage est la règle et l’individualisme de mise.




 Atteignant Negreşti-Oaş, tout aussi moche mais dans un autre style, ici la ville porte les stigmates de l’époque Ceausescu, nous arrivons devant un immeuble en béton qui est sensé abriter une pension. On sonne personne, on téléphone pas de réponse. Nous voyant, un homme dans un état d’ébriété certain cherche à nous aider. Dans un mauvais français imbibé, il parle d’une maison dans la ville mais sans êtres capable de nous donner l’adresse. Au supermarché voisin, la caissière appelle le responsable de la pension sur son portable mais celui-ci aura la flemme de se déplacer. Résultat nous irons dans un hôtel impersonnel à trois km dans une forêt.
Il faut reconnaître que pour cette première étape en Roumanie, ma première impression est catastrophique. Génia cherchant plus à temporiser.

15/07/2011

20- Mercredi 22 juillet 2009 Negreşti-Oaş – Vadu Izei 71 km 450 m

Avant la montée au col de Pricop
          
Cette étape nous fera passer le long de l'ukrainienne et par le cimetière de Săpânţa.
Au-delà de Negreşti-Oaş, la route, plus calme, monte au col de Pricop dans la forêt. Ici la campagne est riante. De nombreuses meules agrémentent des prés entrecoupés de vergers. Des paysans munis de faux sont en plein travail. La période des foins bas son plein. Le contraste est saisissant avec la zone de Negreşti-Oaş. Nous déjeunons au col sur une petite prairie lorsque passe un groupe de cyclistes. Ce sont des polonais en route pour Istanbul. Après une agréable descente dans la fraîcheur d’une forêt, nous retrouvons notre fleuve préféré, la Tisza quitté en Hongrie et qui marque la frontière avec l’Ukraine.

L'Ukraine

            A Săpânţa, nous faisons halte pour découvrir son cimetière « Joyeux ». Appelé ainsi pour les sculptures en bas relief de Stan Ioan Pătraş décédé en 1977. Les stèles traditionnelles surmontées d’une croix et d’un petit toit sont ainsi décorées. Pour chaque tombe sur un fond bleu soutenu, une description et un dessin rappellent avec humour les marottes ou le métier du défunt. En sortant, nous retrouvons les polonais du col assis à l’ombre du muret.


Stèle du cimetière « Joyeux »

            La route de Sigheu Marmatiei sera laborieuse. Dans un village, un chien se fait écraser par une camionnette passant à tombeau ouvert. Un peu plus loin, juste devant nous, un petit vieux à bicyclette, déséquilibré par le souffle d’un camion, s’affale dans le fossé. Pour finir un 4X4, pour nous doubler, manque de peu le cheval d’une charrette arrivant en sens inverse.


Ukraine oblige, indication marquée aussi en cyrillique

            A Sigheu Marmatiei, nous visitons le Mémorial des Victimes du Communisme installé dans une ancienne prison. La partie musée nous montre les cellules et la vie des prisonniers, nous donne une aperçu des travaux forcés dans les mines et de la répression contre l’élite roumaine. On imagine le cri des prisonniers résonner dans cette salle très sonore entourée de coursives. Le mémorial proprement dit se trouve dans la cour. Conçu par l’architecte Radu Mihăilescu le monument circulaire est à demi enterré et porte les noms de huit milles victimes. La ville fut doublement martyre. Les nazis décimèrent la communauté juive locale sous la complicité du régent Horthy de Hongrie.
A la sortie, nous croisons un couple de cyclo allemands. Je m’interroge sur les risques qu’ils prennent en voyageant ici avec un enfant dans une remorque.


La pension de Vadu Izei

            A Vadu Izei, nous trouvons, au bout d’un chemin, la pension de l’association « Opération Villages Roumains ». Cette association fut créée par des belges au tout début de 1989 afin de sauver les villages traditionnels d’une destruction certaine planifiée par Ceausescu sous le nom de « Systématisation ». Surnommé le « Conducator », il fut pris, au début des années 80, de ce que je nommerais, une crise de « Bétonite aigu ». Il voulait, sous pretexte de modernisation, raser les villages pour enfermer les paysans dans des blocs d’immeubles. Heureusement, ses méfaits furent brutalement interrompus par sa chute fin 1989. Le principe de l’association repose sur le parrainage des villages par des communes européennes.
            La pension comporte plusieurs bâtiments tout en bois avec un jardin très bien aménagé. Nous dînerons avec des Italiens et des roumains sur une terrasse couverte au son d’un orchestre de  
            musique traditionnelle.

14/07/2011

21- Jeudi 23 juillet 2009 Vadu Izei – Iaud 63 km 700 m

            Au petit matin, nous sommes en admiration devant les icônes du propriétaire déjà à l’œuvre. Grand artiste, il s’est spécialisé dans la peinture sur verre. Génia ne pourra résister à l’une de ses œuvres.

Notre hôte dans son atelier

Ayant le choix entre deux vallées, nous opterons pour l’Iza plus réputée pour ses églises en bois. Nous faisons un détour par Budeşti première église après avoir cassé la croûte dans les jardins d’un centre thermal à Ocna. Génia remarque la présence de crucifix en bois le long de la route. Des paysans profitent du beau temps pour retourner le foin, d’autres le porte sur des meules dégageant une odeur d’herbe sèche. Des charrettes tractées par des chevaux transportent des familles entières. Plus loin, insolite, des casseroles sont accrochées à des branches d’arbre devant des maisons. Plus tard, on nous expliquera que cela signifie qu’il y a une fille à marier. Vu l’état de certains ustensiles, il semblerait que ces demoiselles attendent depuis un bon moment le prince charmant.


L'église de Budeşti

A Budeşti et Călineşti nous remarquons que de nombreux portails en bois se dressent devant des villas sorties de terre comme des diables de la boite. Ces portails sculptés hautement symboliques ont été malgré tout conservés par leur propriétaire. On retrouve ce travail du bois dans les églises couvertes de peintures murales. Les plus anciennes datent des 17e et 18e siècles.


Un portail rescapé de Călineşti

Un chien écrasé plus tard, nous voici à Iaud qui possède deux églises en bois. C’est par une chemin défoncé que nous arrivons à notre nouvelle pension OVR. Sont attablés des belges qui parcourent l’Europe à moto.