28/06/2011

Mise en jambes

Commence ici la description des étapes de la troisième partie du triple voyage qui depuis Paris doit nous amener à Istanbul ou plutôt la partie 1 de la 3 que l’on pourrait nommer 3 A. Nous sommes partis à vélo de Piatra Neamt notre point d'arrivée de 2009. Nous avons traversé essentiellement la Transylvanie et visité Sighisoara et Sibiu, sans doute les plus belles villes de Roumanie, puis grimpé la fameuse route Transfagarasa pour passer en Valachie plus au sud et finir à Bucarest. Une voyage au pays des sicules et des saxons peut-être pas le plus roumain mais de toute beauté.

27/06/2011

1- Mercredi 1 juin Chişinău – Iaşi en train (première étape préliminaire)

   
Comme Génia travaille en Moldavie nous sommes partis de la capitale Chişinău en train. La gare construite au XIXème siècle a été entièrement rénovée. Les voies ont été recouvertes par de grandes verrières dont la courbure leurs donne un aspect très design digne d’une gare moderne d’Europe Occidentale.



Le parc devant la gare de Chişinău


Vers 16 h30 nous arrivons donc à la gare une heure avant le départ du train pensant avoir le temps. Pour l’achat des billets, aucun problème il y a peu de monde qui se bouscule mais pour les vélos Génia devra faire des allés-retours entre le guichet et le wagon, le personnel respectif se renvoyant la balle. Finalement au dernier moment nous montons dans le train avec tout notre équipement et casons nos vélos dans le wagon-bar sous une chaleur étouffante que la brève pluie de parvient pas à dissiper. Le chef de wagon puis le chef de train ne sont pas enthousiasmés par l’emplacement de nos montures. Il faudra leurs graisser la patte. Plus tard ils feront joujou avec les sonnettes soulevant l’inquiétude de Génia. Des vélos dans le train Chisinau-Bucarest ils n’avaient sans-doute jamais vu cela.

Une campagne douce et verte faite de petites collines alternant bois et petits champs aux cultures variées défile jusqu’au crépuscule ou nous arrivons à Ungheni ville frontalière avec la Roumanie. On nous avait prévenus : On devra siroter pendant deux heures car il faut rien de moins que changer les roues des wagons. Question de largeur de rail. Nous assistons alors à un spectacle étonnant, notre wagon se soulève lentement, tracté par des poulies postées de chaque coté du wagon. Après avoir passé la douane nous arrivons à Iaşi vers 23h15 soit près de 6 heures pour parcourir un peu plus de 100 km. Grosso modo la vitesse d’un cycliste de forme moyenne ou bien chargé. On file au centre ville pour un petit hôtel qui paye pas de mine avec des chambres aux fenêtres donnant sur le palier.

26/06/2011

2- Jeudi 2 juin Iaşi – Piatra Neamt en train (deuxième étape préliminaire)

L’hôtel ignorant le ptit déj nous optons pour la machine à café et les croissants à la confiture achetés la veille. Le train étant à 14h10 nous profiterons de la matinée pour visiter la deuxième ville de Roumanie et faire quelques achats stratégiques comme la carte SIM qui sera notre sésame pour limiter le risque de coucher dehors en compagnie des nombreux toutous égarés qui ne manqueraient de nous seriner les oreilles. Bien que nous ayons une tente aux dires de nos prédécesseurs nous ne sommes pas pressés de camper en Roumanie.



Iasi
La visite de la capitale de la Moldavie roumaine se résume essentiellement à deux ou trois édifices religieux donc un monastère : Golia à l’architecture très influencée par les artistes italiens de la renaissance. Mélange savant avec la Russie du 17ème siècle. Ici l’on ressent vraiment que nous sommes à la charnière des mondes slave et latin. A retenir aussi, la place de l’Union, grand espace dominé par l’imposant Palais abritant les musées d’Art, d’Histoire et de Religion. La rénovation bat son plein, la plupart des bâtiments étant couverts d’échafaudages.
            A la gare nous
Le train Iasi - Bacau
regardons le train que nous sommes sensés prendre avec un certain condescendance vu son état pitoyable. L’intérieur dépassant de loin notre imagination de l’instant précèdent. Le trajet n’étant pas direct nous changeons d’époque à Bacau dans un wagon climatisé avec camera. Cette chose dont je ne raffole pas a failli être fatale à nos vélos. Au vu de nos moyens de transport bien rangés au fond du wagon, le contrôleur répétera avec insistance « vélo pas possible. Caméra » Il préfèrera nous les caser dans les toilettes au risque de provoquer des accidents techniques aux éventuelles incontinents. Le contrôleur avait t-il peur d’être contrôlé ?

Vers 20h30, nous arrivons à Piatra Néamt, à la nuit tombée et sous la menace d’une pluie certaine. Nous nous empressons de rejoindre, par un chemin un peu raide, vu l’heure tardive, une agréable pension. A temps car, à peine rentrés pour dire bonjour à la dame, une pluie bien fournie ruisselle déjà dans la ruelle. Située dans une grande maison récente, cette pension qui n’est pas dans les guides, nous offre une chambre sous combles, spacieuse avec une grande terrasse donnant sur le village et la vallée. Nous y prendrons le dessert en admirant les collines boisées préludes aux Carpates qui nous attendent.

25/06/2011

3- Vendredi 3 juin: Piatra Neamt – Lac de Bicaz 49 km 250m

Après un petit déjeuner copieux, composé d’une omelette et de charcuterie, nous passons par le très petit centre historique de la cité dominé par une tour-horloge. Fondée 2 siècles avant J-C, la ville a pu sauvegarder quelques édifices remarquables comme l’église St Jean Baptiste mélange byzantins et gothiques caractéristique du style moldave, entourés d’un jardin très convivial.


Le centre de Piatra Neamt

Un peu par hasard, je tombe sur une boutique de sport ou à mon étonnement se vend des cartouches de camping gaz. Fin donc des achats stratégiques.
D’après la carte une petite route suis la rive sud de la rivière Beszterce. Nous passons sur une passerelle et traversons un mini parc d’attraction pour rejoindre une petite route. Nous ne serons pas déçus par ce choix. En parfaite état et à faible circulation (on se croirait en France), la route traverse de charmants villages paisibles avec quelques maisons rurales, aux toitures en tavaillons de bois, très bien conservés.

Maison au toit en tavaillons sur la route de Bicaz
Plus loin nous repassons sur la rive gauche en évitant la grande route très chargée pour passer voir le monastère flambant neuf de Pangaratsi après un parcours d’obstacles. Un monastère construit dans le style traditionnel ancien mais qui sent tout de même le verni et la glycéro.

Un parcours du combattant
Le monastère tout neuf de Pangaratsi
 
Arrivé devant la pension Casa Stroea, à la sortie de Bicaz, notre première impression sur photos en prend un coup à la vu de l’environnement très « cité soviétique » du lieu. Comme quoi les proprios avaient un bon photographe. Nous passons notre chemin pour s’arrêter au pied du barrage de Bicaz, 8 km plus loin, ou une vaste prairie tient lieu de camping. Après hésitation nous continuons pour tomber sur la Cabana Bicaz à Izvoru Munteliu ou la sympathique propriétaire nous accueille dans un français très rudimentaire.
Après installation dans un confortable appartement avec frigo nous montons voir à quoi ressemble le lac de Bicaz. Sur le barrage les vues du lac d’un coté et de la vallée de l’autre donnent une idée de la grandeur des lieux.



La vue vers Bicaz depuis le barage

Nous continuons un peut plus loin pour arriver à un complexe touristique. Là nous touchons le fond, pas du lac mais du tourisme de masse roumain. Boutiques de gadgets made in china, poulet frites et immeuble de 10 étages en construction entouré de parkings le tout saupoudrés de sacs plastiques et dans le brouhaha d’enfants en mal d’attractions. Le camping est en réalité un alignement de bungalows pas vraiment engageant.
Le soir, la propriétaire de la pension nous accompagne en voiture faire  nos  emplettes pour un dîner sur la terrasse du jardin avec vue sur le paysan rentrant ses vaches.

24/06/2011

4- Samedi 4 juin 2011 Journée dans le massif de Ceahlău




La veille seigneur météo nous avait parlé d’orages. Dû coup, jusqu’au petit matin, nous ne savions pas que nous attaquerions à pied le massif de Cealhau mais le ciel sans nuages nous décide. Après 8 km de route parsemés de « cabanas » qui ne nous font pas regretter notre gîte choisi au hasard la veille, nous arrivons à une guérite, entrée du parc du même nom, et laissons nos petites reines à l’abris dans un des bungalows du complexe hôtelier imperturbablement nommé cabana !!
Le sentier rentre dans une forêt mixte de feuillus et de résineux, forêt qui ne nous quittera pas. Au bout d’une ½ heure, des tables métalliques s’offrent à nous nous invitant à casser la croûte en espérant finir avant la pluie que des bruits célestes insistants nous signalent imminente. Finalement les nuées sombres et menaçantes joueront à cache-cache derrières les arbres le reste de l’après-midi. L’enchevêtrement des racines sur le chemin et quelques arbres creux donnent par moment un aspect fantastique à la monté.

Durant une pose nous croisons un homme de Bucarest téméraire qui chargé d’un sac de 30 kg nous explique dans un bon français qu’il s’entraîne pour ‘El Camino » la route de Saint Jacques de Compostelle. Au deux tiers du parcours, pour cause de ménisque douloureux, nous ferons demi-tour au grand regret de Génia. Nous aurons tout de même eu le temps de profiter de ce massif sauvage surnommé l’Olympe des Moldaves, qui attira des centaines d’ermites, avec son « doigt » qui domine fièrement les lieux.
Le soir, nous dînerons en compagnie d’un couple de Bacau dont l’homme fait le courageux métier de pompier.

23/06/2011

5- Dimanche 5 juin 2011 Lac de Bicaz – Lacu Roşu 37 km 680 m

La crasse qui empêche les doux rayons du soleil matinal de caresser nos peaux blanches se révélera éphémère. Pour entreprendre la route 12C qui nous portera jusqu’à l’un des plus beau site naturel de Roumanie nous devons repasser par la ville sans charme de Bicaz et traverser les superbes gorges du même nom. Après le carrefour, une usine rescapée d’une époque révolue crache son venin malodorant. La suite nous offre une alternance de maisons traditionnelles et de pavillons bien de notre époque.
Dans un gros village, au nom à rallonge imprononçable, juste avant les gorges, nous cherchons un espace pour faire le plein de carburant. Au vu des bistros au remplissage dominical, nous optons pour une place à l’ombre d’un arbre qui se révèlera être le jardin d’un cabinet médical. Mais les médecins ne sont pas venus nous consulter.


Les gorges se resserent

Arrivé à l’entrée des gorges dont une carrière de ciment fait office d’accueil nous commençons véritablement à monter accompagné par des étales de souvenirs fabriqués dans des contrés lointaines. Une pose s’impose dans cette partie de la gorge. Le site est spectaculaire. Des falaises de plus de 200 m, d’où s’accrochent désespérément des sapins, se resserrent jusqu’à créer un étau étroit au fond duquel apparaissent de curieux pics comme la Pierre de l’Autel qui fut vénérée par les Daces.


La Pierre de l'Autel

Après quelques lacets bien raides et un court tunnel, nous arrivons au village du lac rouge ou la pension, repérée dans le Lonely Planet et indiquée à deux pas du lac, s’avère en faite être l’une des plus éloignée. Nous décidons donc d’aller au lac directement. La vue qui s’offre à nous m’inspire la réflexion suivante « c’est cette mare verdâtre ! ». Il faut dire que le rouge tant vanté dans les guides est inexistant. Laissant nos vélos, nous entreprenons le tour de la mare qui s’avérera en faite être une merveille. La première impression était donc trompeuse. Engendré par un effondrement de terrain en 1837, le lac serpente entre un relief très pentu à la végétation épaisse. Le chemin qui en fait le tour nous fait entrevoir des zones marécageuses couvertes de plantes aquatiques d’une rare beauté. En amoureux nous admirons : fleurs endémiques, reflets dorés et troncs fantomatiques émergeant de l’eau. Nous sommes seuls dans ce paysage bucolique, les vacanciers, probablement alourdis par le steak frites ingurgité au déjeuner, se contentant de s’entasser près du parking.

Lacu Rosu
Arrivés dans la chambre de la pension-hôtel chauffée à 30° nous nous empressons d’éteindre cet absurde chauffage et optons pour le resto de l’hôtel du dessus.

22/06/2011

6- Lundi 6 juin 2011 Lacu Roşu– Lăzarea 35 km 320 m

Le Château de Lazarea

          C’est sous un beau soleil que nous entamons cette nouvelle journée tranquillement. La montée régulière jusqu’au col d’Angarati à 1255 m n’éprouve pas vraiment nos mollets. Nous cassons la croûte au col en compagnie d’un chien un peu collant qui me permet de tester mon appareil à ultrason provoquant une certaine gène chez l’animal . Pour éviter de péter un câble (de frein bien sur !) dans la descente, j’anticipe le changement de cette tige métallique ingrate.


La vue depuis le col d'Angarati

                      Google Map peut parfois s’avérer utile mais pour cette fois ci ce sera une promenade dans les champs et un retour en arrière. Moment néanmoins grisant tellement les prés fleuris inondés de soleil montre des couleurs d’impressionnistes. Finalement la route de Lazarea que nous voulions éviter n’est pas ce couloir à camions tant redouté.



Arrivés à la pension nous sommes accueillie par une femme visiblement fatiguée qui nous offre une chambre ou nous nous sentons vraiment chez l’habitant avec une superbe vitrine remplie de plusieurs services à vaisselle. Nous allons dans le village visiter un curieux château renaissance construit par Lazar qui joua un rôle important dans la communauté Sicule. En effet, nous sommes rentrés dans le pays de ceux qui se définissent comme les descendants des Huns et forme la communauté hongroise de Roumanie.
Nous achetons de quoi nous rassasier pour la nuit mais quelle surprise à notre retour : la maîtresse nous a préparé un bon repas. Un malentendu dû à un problème de langue que nous ne regretterons pas. Plus tard elle nous fera comprendre que, originaire de Hongrie elle aussi, elle revient de Budapest après avoir soigné une personne dépendante. Cela explique sans doute sa petite mine à notre arrivé. Le travail ici se fait rare.

21/06/2011

7- Mardi 7 juin 2011 Lăzarea – Odorheiu Secuiesc 64 km 250 m

Sicasau Sur la route d'Odorheiu

Après un petit déjeuner à oublier le casse croûte de midi, nous traversons des champs d’agriculture intensive et le village de Suşeni pour entamer une douce côte jusqu’à une carrière de ciment Lafarge. Cette entreprise bien de chez nous, nous fait une bonne démonstration de Greenwashing en sponsorisant la zone Natura 2000 attenante. La suite de la route sera agréable à souhait. Longue descente progressive sur une route lisse et régulière, peu de trafic, paysage verdoyant de forêts et de prairies fleuries ou broutent chevaux, vaches et chèvres. Le rêve pour cyclotouriste.

Portail dans le hameau de Sicasau

Le charmant hameau de Sicasau nous coupe dans notre élan. Pose photos obligatoire : moulin à eau, petite église, portails dessinés, crucifix et puit décorés.
Nous pensions déjeuner au bord du lac de Zetea mais la route s’obstinera à rester à l’écart de celui-ci. Arrivés au barrage sous un chaud soleil aucun espace digne de ce nom pour se poser. C’est à 15h seulement que nous trouvons un coin d’herbe au bord d’un chemin.



Sur la route d'Odorheiu

Le rêve cyclotouriste s’évapore à l’approche d’Odorheiu ou le trafique s’intensifie au point de ressembler à la N7 à la sortie de Paris avec comme paysage une succession de boites à chaussures, parkings et garages de toute beauté. Mais arrivés en ville, nous découvrons un centre coquet et agréablement aménagé. Ici toute les panneaux sont en Hongrois, nous sommes dans la capitales des Sicules représentés par 96% des habitants. Tout part de la place de la Mairie ou s’élève bien sur l’Hôtel de Ville mais aussi une église réformée hongroise et une étonnante fontaine.

La fontaine d'Odorheiu 

           Arrivés à la pension Corona à deux pas, nous laissons nos bicyclettes dans la fraîche et agréable cour pour nous installer dans une chambre donnant sur une coursive. Le soir nous entreprenons un petit tour qui nous amènera sur une colline ou se niche un grand collège dans les vestiges d’un château entourés d’un parc. Pour le dîner, nous cuisinerons au réchaud à gaz dans l’arrière cour de l’auberge après avoir     négocié avec le sympathique garçon du bar.



20/06/2011

8- Mercredi 8 juin 2011 Odorheiu Secuiesc – Sighişoara 49 km dénivelé faible

Sighişoara

L’auberge ne servant pas le ptit déj, nous le préparons clandestinement dans la chambre. Les allergies de Génia au pollen nous amène à la pharmacie. Sans doute les conséquences du déjeuner sur l’herbe de la veille.
Nous roulons sur une route moyennement encombrée. Bien que nous soyons pressés de voir la plus vielle ville médiévale d’Europe de l’est, notre vitesse soutenue vient surtout du vent dans le dos et d’une route plate en bonne état. Les poteaux électriques sont coiffés de nids de cigognes avec leurs pensionnaires à la plus grande joie de Génia. Quelques km après la ville de Cristuru Secuiesc nous optons pour un chemin pittoresque à la sortie d’un village du bout du monde.

Village avant le chemin
Nous mangerons sous un arbre assez feuillu pour nous protéger de l’astre brûlant d’une très chaude journée.


Au village suivant, à la demande de nos gosiers et avec l’aide d’une babouchka accueillante, nous faisons provision d’eau fraîche dans un puit. Peu avant d’arriver à Sighişoara, faute de chemin, nous rejoignons la route principale qui heureusement est bordée de larges trottoirs qui servent plus ou moins de piste cyclable. 

Prise d'eau au puit

Comme c’est l’anniversaire de Génia nous visions la pension de charme ‘Vila Franka » au cœur de la ville historique. Mais à l’arrivée une mauvaise surprise nous attend. Un groupe occupe les lieux. Après plusieurs tentatives infructueuses dans les pensions de la villes et devant notre désarroi, une femme du personnel de la Vila nous accompagne à une maison un peu au dessus de la vielle ville tenue par un couple charmant de retraité. Nous nous installons donc dans un appartement haut de plafond d’un petit bâtiment classé monument historique.
Le soir nous irons gueuletonner au restaurant de la maison du Cerf pour finir dans le jardin des propriétaires de la guest house et déguster en compagnie d’un couple de suisses germaniques une boisson aux fleurs de sureau. Nous décidons que demain nous commettrons le gros pécher de rouler en taxi pour faire la tournée des églises saxonnes de la région.

19/06/2011

9- Jeudi 9 juin 2011 Excursion des églises fortifiées

La citée médiévale de Sighişoara

La matinée est consacrée à la visite du joyau de la Transylvanie : cette citadelle colorée qui domine la vallée de la Grande Tarnava. Des maisons médiévales intactes jalonnent les rues tranquilles de la cité saxonne. Ici l’unité architecturale semble avoir arrêté le temps. La citée fut fondée à la fin du XIIème siècle par les colons allemands. Les points d’orgue se conjuguent par la tour de l’horloge et des maisons de maître tel que la maison au Cerf. Il faut bien une demi journée pour parcourir les ruelles ou l’on marche de surprises en surprises entre jardins et façades aux teins pastels
Paolo notre chauffeur-taxi nous attend vers midi à la pension pour nous amener dans les villages des églises fortifiées. Nous commençons par Médiaş grosse bourgade à 40 km à l’ouest qui possède un centre digne d’intérêt, pour enchaîner Moşna, Richis, Biertan la plus grande, Copsa Mare et finir par Valchid.


Medias

Soit une tournée de plus de 100 km avec de nombreuses côtes. Il nous aurait fallu au moin deux jours à vélo pour accomplir ces visites alors que notre timing ne nous le permettait pas. Néanmoins nous tenions à parcourir cette région d’exception. Les vues qui s’offrent à nous aux sommets des clochers valent à elles seules le déplacement.


Moşna

A Valchid la grimpette relèvera de l’escalade mais quelle récompense ! Les villages encore vierges de toutes constructions modernes et disgracieuses sont reliés par des pistes essentiellement parcourues par des carrioles à chevaux dans une campagne bocageuse de prairies et de bois. Les églises en plus ou moins bon état sont restaurées avec peine par des compagnons et le passage de quelques visiteurs est une aubaine pour eux.


Biertan

Dans la soirée, le temps chaud et très orageux nous amène dans un cybercafé afin de vérifier si nous serons douchés lors de l’étape de demain. Verdict : Le pire n’est pas sur. Etant passés au moins quatre fois devant la casa Vlad Dracula, resto atypique de la citadelle, notre curiosité l’emporte malgré les commentaires non alléchants du Guide vert tant pour les oreilles que pour le palais. Finalement musique et menu n’avaient pas l’air d’effrayer le célèbre empaleur qui continue sa sieste éternelle.

18/06/2011

10- Vendredi 10 juin 2011 Journée de pluie à Sighişoara

Hier, les prévisionnistes de l’honorable institution appelée familièrement météo avaient bien pronostiqué un temps pas très jojo mais au réveil le bruit de l’eau coulant dans les gouttières au même rythme que la veille au soir me fait comprendre que le fameux dicton « pluie du matin n’arrête pas le pèlerin » pourrait bien tomber à l’eau. Il s’agit d’une pluie durable comme l’Europe centrale en a le secret.
Le matin sera repos et lecture pour Génia. De mon coté, je sortirais la tête dehors pour l’office du tourisme à la recherche d’un hébergement à Agnita pour le soir de la prochaine étape. Rien dans ce gros village perdu seulement une pension complète 10 km plus loin à Alşina. Me voyant insister la téméraire demoiselle me trouvera une guest house dans le même village avec pour seul adresse « maison 43 ». A 13h, la pluie imperturbable continuant à faire des claquettes dans les ruelles et l’état supposé de la route nous dissuade de se risquer.



Nous décidons donc le repos. Cette journée supplémentaire nous permettra de redécouvrir by night une citadelle magique dans une région qui peut justifier une halte de plusieurs jours. Le soir nous dînerons chez nos hôtes en compagnie d’un couple suisse .


Nos hotes avant le départ





17/06/2011

11- Samedi 11 juin 2011 Sighişoara – Alşina 65 km 450 m


l'étrange relief sur la route d'alşina

C’est donc avec un jour de retard sur le timing que nous entamons cette nouvelle étape sous un ciel qui restera couvert toute la journée. La route qui monte doucement dans la vallée est longée par des ruisseaux gorgés d’eau débordant sur le bitume par moment couvert de boue. Le paysage est composé de curieuses petites collines couvertes de terrasses et de petits monticules de terre.  Peut-être le témoignage d’anciennes activités agricoles révolues ou d’érosion dans cette région au climat rude.


L'église d'Agnita

Nous arrivons à Agnita le gros village ou nous aurions du faire étape. Il n’y a pas grand chose à voir mais nous nous arrêtons tout de même pour son église saxonne. Nous tombons sur un hongrois faisant visiter l’édifice à un couple d’allemands. Nous sommes époustouflés lorsque le couple nous explique que préparant un livre sur les églises, ils en ont visité des dizaines en quelques jours. Leur venue nous permettra du même coup de rentrer à l’intérieur de l’édifice. Il faut savoir qu’en générale les églises sont fermées et qu’il est difficile de trouver la personne qui a les clés.


Arrivé à Alşina, à la maison 43, nous sonnons personne, au téléphone je crois comprendre que la propriétaire arrive. En effet au bout d’un quart d’heure nous voyons une babouchka pur jus venir à notre rencontre. Nous nous installons dans un séjour improvisé en chambre. Les charmantes propriétaires mère et fille au même prénom Silvia mettent leur cuisine à notre disposition. Le lieu est assez rustique, les toilettes sont au fond du jardin avec les poules, mais l’atmosphère et l’accueil chaleureux des hôtes compenseront largement l’inconfort d’une pension étrangère au « standard européen »

16/06/2011

12- Dimanche 12 juin 2011 Alşina – Sibiu 42 km 200 m



Photo de famille avant le départ
 


Avant le départ, la mère nous montrera son petit écomusée avec démonstration du métier à tisser. Nous apprenons alors qu’elle est championne de Roumanie en la matière et a reçu plusieurs médailles.

 

Démo de tissage
           Nous passons voire l’église. Des chants s’élèvent dans le silence renforçant l’atmosphère sacrée du lieu. Un office en allemand y est donné.
A partir d’Alşina la route perd une partie de son intérêt. Des sections non goudronnées nous font entrevoir ce que pourraient être les désagréments d’une piste à fort trafic : poussière et gravillons qui volent. Heureusement les voitures se font encore assez rares et les trous les obligent à ralentir. Nous faisons un détour par le village d’Hosman, une fois de plus pour son église. Nous traversons le hameau coursés par des chiens et sous le regard goguenard de quelques jeunes. La maison du seigneur cette fois-ci ne nous ouvrira pas les portes. Malgré tout on aura le temps de remarquer de belles maisons dont une, en face de l’église, à la façade décorée et d’un bleu tendre.

Maison à Osman

La circulation ne cesse de grossir à fur et à mesure que l’on se rapproche de Sibiu. La descente sur la ville se fait sur une route défoncée mais sous un soleil retrouvé. Pour accéder à notre pension, nous devrons crapahuter dans une ruelle en travaux. A l’intérieur une cours fleurie de roses avec une terrasse pour pique-niquer s’offre à nous. Notre chambre donne sur les toits.
En cette fin d’après-midi nous faisons le tour de la vielle ville. Appelée « la Petite Vienne » Sibiu serait la plus belle ville de Roumanie. Autant Sighisoara brillait pour son coté médiéval, autant Sibiu montre son style baroque proche des villes Austro-hongroises. Deux villes complémentaires à ne pas rater pour un voyage en Roumanie.

La tour du Conseil (Sfatului)

Flânant sur les places et les rues de la ville haute, la plata Mica (petite place) de forme atypique avec sa rampe dominée par un pont en fonte retient notre attention. Le pont appelé « pont des mensonges » date de 1859. Sur celui-ci, il ne fallait surtout pas mentir sous peine des pires tourments. Bien sur en passant dessus je m’empresserais de répéter mon amour pour ma chérie. En parcourant les rues, nous remarquerons aussi d’étranges lucarnes tel des yeux sortant des toits.

Comme des yeux qui nous observent




Le pont des mensonges à Sibiu
 









Nous avons à peine le temps de nous mettre à l’abris, sous le chapiteau d’un restaurant, que le ciel nous tombe sur la tête. Un orage d’une rare violence déverse des cataractes durant un bon quart d’heure obligeant certains convives mal placés à déménager au risque de prendre un bain. La pluie traînant un peu trop nous finirons à l’intérieur déguster quelques spécialités. 


Avant l'orage


15/06/2011

13- Lundi 13 juin 2011 Sibiu et le musée d’Astra

Avant d’aller au musée d’Astra, probablement le plus remarquable de Roumanie, nous finissons au soleil la visite de la ville interrompue la veille par les cieux. En entrant dans une boutique d’artisanat, quel sera notre étonnement de voir face à l’entrée une grande photo de Sylvia senior, notre hôte d’Alsina en plein travail.


Sibiu le matin

Il nous faudra toute l’après midi pour parcourir le parc-musée d’Astra. L’accès à cette énorme écomusée situé en pleine forêt se fait par une superbe piste cyclable. D’une richesse sans égal, ce musée comporte des maisons traditionnelles de toutes les régions du pays ainsi que des moulins à vent aux ailes en toile, des bâtiments artisanaux, des fermes appelées « gospodaria » et même un bowling avec quilles et boules en bois. Des moulins à eaux en provenance du Delta du Danube nous font rêver quelques instants sur cette région magique que l’on aimerait visiter un jour. Ces bâtiments prélevés dans les campagnes ont été remontés de toute pièce. Des retraités sont présents sur les lieux pour nous donner quelques explications.



Le moulin à voiles d'Astra

Concernant la suite de notre voyage, c’est encore du ciel que dépendra notre itinéraire. Nous avons deux possibilité, soit aller à Brasov et visiter le vrai-faux château de Dracula : Bran ou opter pour la mythique route « la Transfagarasan » Donc, nous retournons sur Internet et en sortons indécis tellement la météo navigue entre deux eaux.

14/06/2011

14- Mardi 14 juin 2011 Sibiu – Cârţişoara 77 km 300 m

Les Monts Fagaras
            
Nous effectuerons cette étape qui nous mènera au pied du Mont Fagaras, barrière redoutable entre la Transylvanie et la Valachie plus au sud, bien que notre décision ne soit pas encore prise concernant le choix qui s’offre à nous. Pour avoir le temps de rallier Brasov, il nous faudrait atteindre aujourd’hui  Sambata de Sus à plus de 100 km par une route dont la platitude et l’état ne sont pas garantis. Nous verrons donc sur le chemin.
Arrivés au niveau d’Avrig, nous tentons de prendre une piste plus au nord afin d’éviter la route E68 très encombrée mais l’état indescriptible de ce chemin nous oblige à faire demi-tour chose rare au cour de nos voyages. Le temps perdu et la beauté du Fagarasa sans nuages qui s’offre à notre vue me permet de convaincre Génia d’opter pour la route tant redoutée. Nous tournons donc à droite pour Cartisoara et à la vue du panneau indiquant « Balea lac - deschis » (Ouvert) ! notre motivation se renforce. Ce massif qui s’allonge d’est en ouest sur plus de 100 km semble rappeler les Pyrénées car peu de vallées le traversent. Les combes finissent souvent en fer à cheval avec des cascades ou des lacs glaciaires au bout.
            Nous testerons des pâtes à la carbonata façon roumaine la veille d’une grimpette de plus de 1500 m. La femme de la pension tenant absolument à nous les préparer.

13/06/2011

15- Mercredi 15 juin 2011 Cârţişoara – Lac Balea 32 km 1560 m



            Au réveil, le temps s’annonce optimal pour une montée sans chaleur et au sec. Le début commence par un faux plat jusqu’au pied de l’imposant massif ou la route s’élance en de nombreux lacets. Vers 1000 m, de nombreuses mouches semblent nous confondre avec le fameux ruminant. Le noir des sacoches y serait t’il pour quelque chose ? J’ai bien cru que Génia allait redescendre. Pour relativiser, je lui raconte que dans les Dolomites les mouches n’étaient pas derrière nos têtes mais devant nous et que les yeux et la bouche étaient particulièrement sollicités. Il faudra être sorti de la forêt et à l’ombre des nuages s’accrochant au sommet pour ne plus entendre leur bourdonnement.
A mi parcours, se trouve une belle cascade et un affreux hôtel. Repéré sur Internet à Sibiu on s’était jurés de ne pas y dormir quitte à passer la nuit dans les sous bois en cas de défaillance. Mais après une pause casse croûte au pied de la cascade, nous repartons requinqués pour achever le travail sauf… qu’un panneau indique « Lac Balea Inchis » (fermé) bien que l’on nous ai affirmé que le lac est accessible et que le panneau du bas indiquait ouvert. On s’engage malgré tout sur la route.




 Celle-ci est jalonnée de grosses pierres témoignages d’éboulements récents donnant une idée des orages dans le Fagaras. D’autres en équilibre sur les parois m’incitent à une montée plus énergique. Vu d’en haut, la route semble, tel un serpent fou, monter à l’assaut de la montagne.
A cette altitude, des tas de neige apparaissent au bord de la route, véritables réserves d’eau pour les innombrables ruisseaux et alpages qui nous entourent. 


Vers le sommet

A l’arrivée, nous avons l’explication du panneau de la cascade. Le tunnel qui nous permet de passer de l’autre coté de la montagne est fermé !  Sauf… qu’une porte est ouverte pour le passage des piétons et donc à priori des vélos.
Nous resterons ici cette nuit dans un gros chalet sur pilotis pour profiter de ces lieux sereins. Mais peu de monde les trouble à part quelques mordus de ski montant 50 mètres à pied pour quelques secondes de descente sur un névé plongeant dans le lac. Le lac reflète, tel un miroir, les tas de neige et l’ombre des nuages qui passent sur les sommets 100 m au dessus de nous.


Le Lac Balea